Essai : BMW Z4 Coupé 3.0si 265 ch et Z4 M Coupé 343 ch
Le flacon et l’ivresse
Comme le roadster, le coupé Z4 M est essentiellement destiné aux USA. En France, il sera la troisième voiture des foyers aisés. Tant mieux. Car il faut un certain doigté et des reins solides pour vivre au quotidien avec la M3 qui se cache sous ces atours. > Eric Bergerolle - 12/07/2006
Avec un toit fixe, le Z4 distille de nouvelles sensations. Le pilote se sent plus près de sa machine et les regards approbateurs se font plus nombreux. |
Pour beaucoup, le Z4 est l'œuvre la plus harmonieuse de Chris Bangle : un concentré de muscles et de proportions troublantes qui évoquent la silhouette classique des roadsters tout en restant résolument ancré dans un style contemporain.
Pour les autres, le Z4 est simplement "la moins pire" des créations du designer américain (sic).
Avec sa chute de reins irrésistible, la nouvelle variante coupé du Z4 saura peut-être réconcilier les deux camps. Mais pour faire l'unanimité, elle lui faudra remplacer le rarissime coupé Z3 dans le cœur des aficionados. Et parvenir à combler les amateurs de coupés exclusifs qui ne savent plus où donner de la tête en ce moment.
Il fallait bien le circuit des 24H du Mans pour cerner les limites du Z4 M Coupé ! |
Nissan 350 Z, nouvel Audi TT, Porsche Cayman... Autant d'adversaires redoutables sur un segment dont BMW est longtemps resté absent. Voilà sans doute pourquoi le coupé Z4 joue si ouvertement la carte de la sportivité. Son caractère bien trempé en fait une auto plus vive et plus radicale que le M6 typé grand tourisme.
Greffer un pavillon sur un roadster déjà apprécié pour sa rigidité est une recette éprouvée. Le Z4 n'en sort pas transfiguré, mais le traitement aiguise passablement ses réflexes. Si vous trouviez le roadster déjà exigeant à mener à vive allure, attendez-vous à devoir batailler ferme au volant du coupé.
Amortissement très vif et direction qui s'allège avec la vitesse : il n'en faut pas plus pour déstabiliser l'assiette de l'auto et imposer de fréquentes corrections de trajectoire. Le phénomène est amplifié par des pneumatiques très directifs et par la sensation d'être littéralement assis sur le train arrière. Passé une certaine allure et une fois l'autoroute quittée, mieux vaut garder les deux mains sur le volant !
Cette vivacité est cependant ce qui rend le Z4 Coupé si attachant. Dompter la bête est un excercice d'autant plus grisant qu'une batterie complète d'aides électroniques à la conduite veille au grain. Abordez un virage trop vite ou tentez de briser les règles de trajectoire que vous impose cette propulsion à empattement court, et vous serez immédiatement sanctionné par l'allumage du voyant du DSC (Dynamic Stability Control). Rassurant, mais votre amour-propre en prend un coup.
Il faut dire que la cavalerie disponible est un pousse au crime. Le Z4 Coupé 3.0si est animé par le nouveau six cylindres en ligne de 265 chevaux (contre 231 ch auparavant) qui vous donne la chair de poule lorsqu'il approche des 7.000 tr/min. C'est sûr, la note à l'échappement a été travaillée.
Défouloir devant les tribunes du Circuit Bugatti. |
Ceci n'est toutefois rien comparé aux vocalises du 3,2 litres emprunté à la fabuleuse M3. Ce moteur fait du Z4 une sportive qu'il convient de ne pas mettre entre toutes les mains. Car si le 3.0si abat le 0 à 100 km/h en 5,7 secondes, le M Coupé le survole sept dixièmes de seconde plus vite. Pour vous donner une idée, sachez que le Cayman S est plus lent de quatre dixièmes !
Plus savoureux encore, les 343 chevaux du six en ligne Motorsport perchés à 7.900 tr/min étirent sa plage d'utilisation comme du chewing-gum. Ou plutôt comme de la guimauve : c'est encore plus savoureux !
Toute autre BMW à hayon est soit une Série 1, soit un break Touring. Ou alors un X3 ou un X5... |
Dans le registre inverse, la boîte de vitesse s'assimile plutôt à une grosse tablette de chocolat pâtissier : il faut un peu de poigne pour la briser, mais chaque morceau est un délice. Malgré cela, le Z4 M Coupé est vivable en ville. Et son hayon le rend plus pratique au quotidien que le roadster.
Pour huit à dix mille euros de moins qu'une Porsche Cayman, le Z4 Coupé nous offre l'ivresse de la M3 récemment mise à la retraite. Reste à savoir si le flacon saura séduire tous ceux que le prestige du blason Porsche ne laisse pas indifférent. Sans oublier l'attrait du nouvel Audi TT, dont le ramage est enfin digne du plumage. Ni celui du Nissan 350 Z, au rapport prix-prestations alléchant. Et même si vous restez fidèle à BMW, il sera peut-être difficile de résister à la promesse d'une nouvelle M3 à huit cylindres...
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